5.9.09

LOVE/HATE

Un modèle en bois des porcelaines issues de la série Transfiguraciones, par Marre Moerel + Max Mas, fabriquées à Cebreros en Espagne

Deux fois par an c'est la même rengaine. On file au nord pour Maison & Objet, la grande messe du beaucoup de tout et de finalement pas grand chose. On arrive en tenue de combat, les yeux aiguisés, et on repart avec des tonnes de dossiers de presse. Cette année cependant, il fallait mériter now! design à vivre, coincé au fond du Hall 5B. Pour accéder à cette partie du salon, la traversée du Hall 5A - aka passage des supplices - était nécessaire, le pas rapide au milieu d'horreurs post-Flamant et d'objets kistch aux créateurs sans nul doute suicidaires. Arrivé à destination, on retrouve les pièces qui nous avaient fait craqué quelques mois auparavant (chez SCP, Moustache, Authentics...). Les tendances autrefois amorcées sont ici confirmées. L'hiver d'après crise fleure bon le durable, comprenez du bois et du cuir à la pelle et sous toutes les coutures, des formes familières et des rééditions en-veux-tu-en-voilà. Pour ceux que ça ennuie, il y avait toujours possibilité de trouver des têtes des mort en strass, des murs d'imprimés JC de Castelbajac et des faux animaux empaillés quelques allées plus loin...

When objects work réédite enfin les chenets de Jean-Michel Wilmotte, vu récemment chez Chahan rue de Lille / Table Y de Fabiaan Van Severen (le frère de Maarten) pour Vange, suivant les mêmes principe que ses chaises pliantes (photo : Pascal Schyns)

L'une des surprises de Now! fut Yii : un studio tawaïnais épatant en tout point. Epatant d'abord, pour ses élégants tabourets new-look en bambou, réalisés à la main, avec les pieds... enfin avec toute la supposée abondante main d'oeuvre taïwainaise. Super épatant encore, pour le staff déployé sur le stand : soit une armada de tawaïnais où chacun se retrouve délégué à un poste bien précis. Il y a celle qui vous accueille les bras ouverts en anglais, une qui vous rapporte son collègue parlant français, un autre chargé des dossiers de presse tandis que celle aux lunettes rondes vous mitraille en numérique. Un même sort réservé à chaque acheteur et journaliste. Crème de l'épatant enfin puisque Yii a réussi à débaucher Konstantin Grcic (désormais prononcé "chuichui" à la chinoise) pour une sorte de version bambou de la Myto. Car oui, le bambou est partout et pas seulement chez les chinois. Ecolo et pas cher, il était aussi de la fête chez les belges. Ainsi, Vange présentait sur son stand des tables et chaises pliantes réalisées dans ce matériau très Grenelle. En parfaite antithèse, leurs versions PP pour l'extérieur étaient trop lourdes pour être véritablement fonctionnelles. On préfera chez Vlaemsch l'ajout aux traditionnelles chaises en plastique d'une assise en cuir souple conçue par les filles de Front Design, un peu de douceur dans cette chaise de plouc. Un contraste saisissant et sensuel, tout comme les tables en chêne de Bruut par Ruud van Oosterhout, aussi douces que de la soie.

C'est avec plaisir enfin que l'on retrouvait les luminaires organico-poétiques de Marre Moerel, découverte à Madrid il y a quelques années. En collabo avec Mas Max, le stand offrait aussi à voir des animaux et enfants en porcelaine, joliment amputés puis rehaussés d'or. Un ensemble hybride et trash. On adore ou on déteste, à l'image de Maison & Objet.

Icon, un Christ en croix en résine, par Eric Morel pour Vlaemsch / Le tabouret Bambool en... bambou, revisite avec succès l'héritage artisanal chinois, par Chou, Yu-Jui pour Yii Taïwan

Tabourets et petites tables de Normal Studio complètent la fabuleuse collection d'Eno / Céramiques de Baptiste Ymonet et Vincent Jousseaume, deux designers nantais à la tête d'Atelier Polyhedre / Fauteuil en plastique recouvert de cuir, Front Design pour Vlaemsch