31.3.11

GIRL POWER


Maastricht est une ville qui pourrait s'apparenter à Gand en Belgique. Une ville-village à taille humaine, frontalière avec la Belgique qui, partage avec elle ce sens inné de la culture pointue et accessible dont le Bonnefantenmuseum (1995) d'Aldo Rossi est un des symboles. Un tantinet éloigné du centre existe ainsi Marres, centre culturel contemporain qui depuis sa création en 1998 s'est très vite imposé au Pays Bas comme une institution majeure. Nichée dans un ancien hôtel particulier avec un sublime jardin tout juste défraîchi comme il faut, Marres dispose d'une des librairies les plus intéressantes de la ville avec une sélection de livre d'art épuisés introuvables ailleurs + un café nickel pour y déjeuner ou prendre un verre. Passé ces qualités qui font d'un centre d'art un véritable lieu de vie, ma venue au Marres était motivée par Madame Realism, exposition que Monsieur Design se devait naturellement d'aimer... Un pari curatorial mêlant art et design (des objets de Jeanette Laverrière notamment) où le sens du décorum et de la mise en scène d'intérieur remet en place le statut de l'homme-patriarche. Avec un programme exclusivement composé de travaux réalisés par des artistes femmes, Madame Realism pose un regard contemporain sur la notion de domesticité et des affects que cette dernière peut provoquer.

Concentré sur les tâches domestiques, le discours de l'exposition ouvre cependant le regard vers l'extérieur, défiant les barrages imposés par la "mélancolie" du statut de femme au foyer. Les parallèles établis entre les tradi jobs de la femme du XIXe aux fifties (couture, ménage etc...) et son heureuse ascension vers le statut de working girl (et des inquiétudes qui en découle) sont exprimés de façon tantôt très duchampienne, memphisienne et néo-conceptuelle. Cette succession d'adjectifs tous plus chics les uns que les autres pourrait en faire reculer plus d'un(e). Il n'en est rien et l'essai d'Avigal Moss (à lire ici) au sujet de cet événement pluridisciplinaire plutôt complexe est d'une rare clarté. Merci Madame!


Jardin / Vue de l'installation de Bonnie Camplin

Sculpture d'Eva Berendes

Installation vidéo Sculptor (2010-11) par Ruth Buchanan

Intérieur du café. La banquette, commande spéciale, court sans interruption le long des murs bardés de miroirs.
/ Miroir Before After (2011) de Pernille Kapper Williams

Installation composée de machines à écrire, tissus, mobilier et miroirs + oeuvre murale en noir et blanc (2009). Le tout par Lili Reynaud-Dewar.

Dessin (2007) de Bonnie Camplin.