28.1.12

M&ORAMA



Plus immédiate que la monstrueuse semaine milanaise et les petites échappées belges (Courtrai) ou allemandes (Cologne), la digestion de la semaine parisienne du design autour de Maison & Objet est aussi lente. Une édition lumineuse avec un vrai renouveau de la scène française, particulièrement marquée par la vitalité des tout jeunes (Objekten, Superette...) et nouveaux (Marcel By, Blackbody...) éditeurs francophones. Avec les expositions Nendo par Carpenters Workshop Gallery et Specimen Editions intra-muros et les 365 objets nippons au Bastille Design Center, le japonais étaient présents en force. Présence dominée par la monumentale installation cristalline de Tokujin Yoshioka, fruit de cinq ans de réflexion...

Sélection confidentielle du meilleur des allées de Villepinte... Un premier cahier en téléchargement gratuit ici.

10.1.12

META-MORPHOSES


Elephant, miroir en noyer

Marie-Bérangère Gosserez a l'as de faire venir (et d'éditer exclusivement) dans sa galerie éponyme les plus originaux designers du moment. Qu'ils viennent de Singapour comme ceux de D.Lab, dont on parlais ici il a maintenant un an, ou d'Australie tel Adam Goodrum, dont on reparlera à l'avenir, ils ont en commun une approche du design tournée vers l'avenir, mélangeant sans complexe les références. Ce sans avoir peur, parfois, des écarts de goûts. Après le succès critique et commercial (cf. Cappellini) de sa série de lampes Tafelstukken (2010), l'ex-Eindhoven Daphna Laurens revient à la charge avec une nouvelle série ayant pour base de réflexion la figure du cercle. D'où son intitulé Cirkel.

Les typologies des objets et meubles s'accaparent d'amples mais strictes formes, mélanges d'inspiration post-Bauhaus, modernistes, organiques et scandinaves. De leur fonctionnalités masculines et primaires de luminaires, miroirs et tables, ils s'en échappent, préférant s'imaginer en sculptures aux angles doux. Image implicite au mythe de Daphné, nymphe pour qui les plus vaillants chasseurs n'hésitaient pas à se muer en femme pour l'apprivoiser...

Taupe (détail) et Chouette, miroirs en chêne et érable.

9.1.12

ROLL OUT

Applique Rainbow-Odds & Ends en plastique et nickel, Jason Miller pour Roll & Hill (2011).

Jason Miller est un homme très occupé. Saint patron des jeunes designers de Brooklyn conjointement aux autres icônes contemporaines du design américain que sont David Weeks et Stephen Burks, il récolte enfin les fruits de son travail pour Roll & Hill, sa maison d'édition lancée avec succès il y a deux ans dans son studio de Greenpoint. La page d'accueil du site internet reprend les bribes des louanges venues de la presse anglo-saxonne à la manière d'une bande d'annonce d'un film ayant raflé toutes les récompenses aux festivals depuis Sundance. C'est quali, vous êtes prévenu.

L'entreprise dispose d'une généreuse offre de luminaires (des suspensions en majorité) aux structures et textures complexes comme le tissu urbain de la Big Apple. On y retrouve le collectif Rich Brilliant Willing (aussi édité chez Matter) etLindsey Adelman. Vue en avril dernier au pôle My Bauhaus Is Better Than Yours à Lambrate (Milan), l'américaine emprisonne ses traditionnelles bulles de verre avec de la corde naturelle façon Othoniel chez les Pirates des Caraïbes. Pas tout est beau chez Roll & Hill. Loin de là. Mais l'intention d'un design léché et abordable aux finitions irréprochables est au rendez-vous. Les réalisation de Miller himself déploient ainsi des influences néo-forestières (lampe de table Superordinate Antler, Jason Miller), seventies (suspensions Modo) et minimales (appliques de la série Odds & Ends). Paul Loebach est lui plus citatif. Son lustre Himmeli puise nettement dans le vocabulaire d'anciens tel Adolf Loos première années 1900 à Vienne, tandis qu'Halo est un dérivé de la suspension Satellite, chef d'oeuvre d'Eileen Gray circa 1925. Roll & Hill est disponible chez Triode, Rue Jacob.

Lustre Himmeli en aluminium laqué noir, Paul Loebach pour Roll & Hill (2009).

Suspension Halo en aluminium et bronze, Paul Loebach pour Roll & Hill (2011)


8.1.12

NOUVEAU STANDARD




La fin de l'année écoulée nous a apporté son lot de belles surprises. L'arrivée Karimoku New Standard à la boutique FR66 en fait parti. Au Japon, contrairement à en France, on n'agite pas la sonnette du "savoir faire" pour faire joli sur un dossier de presse et le problème de déforestation et de revitalisation des forêts est une affaire sérieuse. Spécialisé depuis plus de 70 dix ans dans la réalisation d'une gamme de mobilier en bois aux allures néo-rustique et fifties, Karimoku est le producteur numéro 1 du secteur au Japon. Une société qui n'a peur de rien. Ainsi s'est-elle risquée il y a quelques mois à la production d'une figurine de l'artiste américain KAWS pour sa marque OriginalFake. La bonne nouvelle? L'arrivée en France de leur ligne nommée New Standard, prophétie écolo stylée. Utilisant des bois destinés à être compacté en pulp comme le chêne ou encore l'érable, New Standard se compose d'une petite sélection d'assises, tables et rangements aux bois clairs et coloris frais. Une collection dont l'esthétique se joue entre celles de E15 et Muji. L'entreprise a pour ce faire inviter trois bien aimés designers occidentaux à collaborer aux côtés de leur team maison. Le trio BigGame, le duo Scholten et Baijings ainsi que Sylvain Willenz. Le premier développe un tout mignon système de porte manteau rétractable après leurs tabourets Castor. Les hollandais reprennent eux leur tonneau Grid (désormais Colour Wood) développé avec la marque en 2009. Sylvain Willenz soutient pour sa part une chaise très enfantine au dossier courbé U supporté par quatre éléments à la corpulence de quille, dans la lignée de son presse-papier Homerun présenté à la dernière design week de Milan. Une gamme encombrement écologique minime et à l'harmonie subtile. Photographiée par l'excellent Shin Suzuki, le catalogue aux allures de diary naturaliste est un must-see.

Meubles de rangement - palette Pile de Teruhiro Yanagihara pour Karimoku New Standard

Porte-manteaux Signs, Big-Game pour Karimoku New Standard.


Photo : Shin Suzuki

5.1.12


Très chers vous,

Monsieur Design n'est plus, vive Monsieur Design! Depuis quelques mois, il est dans le coma en conséquence de l'emploi du temps surchargé de son géniteur. Lancé en 2007, ce blog est naturellement voué à se réinventer. Après quatre lumineuses années de travaux, découvertes, projets, rencontres, voyages et soutiens de la part d'une petite poignée de jeunes et passionnés journalistes, galeristes, artistes et designers, Monsieur Design se doit de passer à la vitesse supérieure. Au fil des deux dernières années où les blogs consacrés à la discipline design se sont multipliés en même temps que la presse écrite du secteur tend encore à ignorer la pleine dématérialisation, il reste plus que jamais la place pour un contenu "open source" de qualité. Curieux, indépendant, critique et volontairement biaisé, Monsieur Design a cultivé et cultivera sa différence.

En 2012, l'obsession contemporaine de l'immédiateté sera rassasiée par des apparitions en ligne quasi quotidiennes, surprises et mises à jour volontairement irrégulières sur monsieurdesign.blogspot.com. Au fil des saisons, Monsieur Design dévoilera ses cahiers, mood books gratuits au téléchargement. L'hiver passera, puis viendra le printemps, l'été et enfin l'automne, la plus mélancolique des saisons. Keep in touch.

Amen.