Foulards (d'une série), 2008
Un beau couple est un duo en mode mineur où la majorité n'est atteinte puis détenue que conjointement. De son côté, chacun s'affaire calmement à sa tache. Différente, ou non. L'un venant nourrir l'autre. De petites et utiles bêtises en grandes enjambées savantes. Chez les dutch designers Stefan Scholten et Carole Baijings, les belles réalisations s'accumulent en toute innocence. Bénis.
Pastels, rayés, flous et immensément doux, leurs réalisations n'ont que de pointues leur forme et leur découpe, leur couleur et texture préférant l'onirique douceur familière d'un placage de bois sur lequel on a finement dessiné des objets hérités d'un cabinet de curiosité du XXIe siècle (Butte, 2010), un meuble qu'ils ont justement imaginé avec les rosbifs d'Established & Sons (Amsterdam, 2010). Ou encore un verre dépoli, opaque, sur lequel court des couleurs en dégradés rappelant celles des cachets poudre de notre enfance. A Milan, le couple nous avait même livré des fruits et légumes cousus main : choux, artichauts, rhubarbes... La spécialité du duo d'Amsterdam est justement le design textile, où s'alterne chez eux teintes poudrées et acidulées. D'exquis contrastes qui nourrissent leur design produit. Lui s'occupe de la forme, elle du détail. En résulte des meubles simples dont la succession de pans coupés déroulent à l'oeil une optique dégradée (again) courant sur forme dans les eaux de ceux d'un tonneau (Série Grid, Karimoku New Standard, 2009). Et aussi, de la vaisselle a faces géométriques tel un tote bag d'Issey Miyake, éléments qui ne feraient pas défaut dans une demeure d'Adolf Loos (voir ci-dessous). Parfois il y a aussi des imprimés de pack de lait ou d'autres qui racontent la courte vie d'un thon de la pêche à la boite de conserve (The life of a tunafish, 2008). Un vocabulaire d'une rare drôlerie, mêlant force et sensibilité. Soit le parfait triptyque moteur d'un beau couple.