30.11.10

HYPERKIT



A Noël, les vrais fainéants offrent des Smartbox. En Septembre, les étudiants s'offrent des meubles à bas prix chez le Suédois. Du kit, again and again. A la question de savoir quel d'inventer un futur usage possible de ce type de package désormais incontournable, l'étudiante à Camondo Emmanuelle Vayson de Pradenne a imaginé Pack'T : solide réponse dont la pertinence mériterait bien édition. Ici, la notion de multiple est réinventée, et ce d'un seul tenant. L'équation? Simple. Des structures en acier rouge (ci-dessous) associées à des piétements en hêtre viennent supporter quelques plateaux de différentes tailles, en verre ou contreplaqué. Un clip, un patin, une vis et c'est parti. Soit tant de tables en une. Qui dit mieux?

Projet de fin d'études Pack' T (2010), Emmanuelle Vayson de Pradenne
Courtesy Charlie Abad / Les Arts Décoratifs

26.11.10

SLOW UP


Faux semblant (2010), Bastien Cosson. Marteau en céramique émaillée. Courtesy Galerie ACDC



Il s'en passe des choses dans le monde merveilleux d'Alain Juppé, et Brigitte Proucelle est fière de le dire. Après avoir exporté la Folle Journée de Nantes à Lisbonne puis Tokyo où les jap' en sont devenus dingues, elle est à la tête des affaires culturelle de la ville. Peur de rien, pour Evento en 2009 (la biennale d'art contemporain bordelaise) elle avait invité l'archi-punk Didier Faustino. Grand écart en 2011 avec la venue programmée de Michelangelo Pistoletto (plus d'informations sur la page consacrée à l'artiste par le site de référence Artsy) Deux figures fortes pour une ville à la politique artistique tout aussi forte et affirmée. Le circuit organisé pour la troisième édition de Bordeaux Block Party, qui réuni la crème des galeries confirme le statut de petite reine arty provinciale, où des peoples du milieu tel Guillaume Houzé n'hésitent pas a venir faire leur "shopping".

Visite de l'exposition BigMinis

Au CAPC, immense lieu d'exposition touché par la grâce Putman, la programmation est d'enfer. Derniermust-see : BigMinis, fausse rétrospective du minuscule dans l'art contemporain. "L'idée après l'exposition sur Jim Shaw était de créer un nouvel évènement peu cher et facile à mettre en place" selon le commissaire Alexis Vaillant. Brillant, le résultat dépasse son synopsis aux allures de foutage de gueule. Une savante exposition qui tire le regard d'un mégot de cigarette aux petites têtes dépressives d'animaux. En face, le géant espace est cédé aux mobiles mobiles et minimal datant des sixties de l'américain Robert Breer. Vraie rétrospective inédite de la série Floats qui pour la première fois voit la majorité de ses sculptures réunies. Effet maxi.

La fiesta neuronitique continue chez Cortex Athletico, incontournable acteur de la région qui est aussi un véritable lieu de vie "où l'on dort, travaille, mange et... travaille". Non loin de la gare, deux galeries tissent leur fil. On est déjà fan d'une : ACDC. Présente à la Cour carrée du Louvre lors FIAC, sa co-directrice Marion Carmet est réjouissante d'enthousiasme. Programmation sans faute depuis 5 ans avec une nouveauté en cet hiver : de la peinture avec Jane Harris. Des toiles à la subtilité proche de la broderie. On trépigne d'impatience pour la prochaine expo consacrée à Bastien Cosson. Chez Tinbox, l'heure est offerte au collectif La Mobylette qui présente une série de pièces franches mais assez inégales sous le titre Et si tu n'existais pas. Mention spéciale à Nicolas Sassoon et ses fantastiques Geode(s), visibles sur son site.

Bordeaux Block Party fait état d'une liberté bienvenue en dehors du sol parisien, d'excellents verres de rouge en sus. Pour beaucoup, le terme "province" paraît terrible. Nada pour Bordeaux, car comme la ville dispose de peu de collectionneurs, les galeries font ce qu'elles veulent! Belleville peut aller se rhabiller.


En haut, Robert Breer sur l'une de ses sculptures mobiles. Circa 1965.

Untitled (Jokepainting) (2006), Karl Holmqvist. Prêt de la galerie Giti Nourbakhsch (Berlin) pour le CAPC.

24.11.10

NOVEMBER B.

We heart Brussels + Grand Hornu





16.11.10

PASTELS

Foulards (d'une série), 2008

Un beau couple est un duo en mode mineur où la majorité n'est atteinte puis détenue que conjointement. De son côté, chacun s'affaire calmement à sa tache. Différente, ou non. L'un venant nourrir l'autre. De petites et utiles bêtises en grandes enjambées savantes. Chez les dutch designers Stefan Scholten et Carole Baijings, les belles réalisations s'accumulent en toute innocence. Bénis.

Pastels, rayés, flous et immensément doux, leurs réalisations n'ont que de pointues leur forme et leur découpe, leur couleur et texture préférant l'onirique douceur familière d'un placage de bois sur lequel on a finement dessiné des objets hérités d'un cabinet de curiosité du XXIe siècle (Butte, 2010), un meuble qu'ils ont justement imaginé avec les rosbifs d'Established & Sons (Amsterdam, 2010). Ou encore un verre dépoli, opaque, sur lequel court des couleurs en dégradés rappelant celles des cachets poudre de notre enfance. A Milan, le couple nous avait même livré des fruits et légumes cousus main : choux, artichauts, rhubarbes... La spécialité du duo d'Amsterdam est justement le design textile, où s'alterne chez eux teintes poudrées et acidulées. D'exquis contrastes qui nourrissent leur design produit. Lui s'occupe de la forme, elle du détail. En résulte des meubles simples dont la succession de pans coupés déroulent à l'oeil une optique dégradée (again) courant sur forme dans les eaux de ceux d'un tonneau (Série Grid, Karimoku New Standard, 2009). Et aussi, de la vaisselle a faces géométriques tel un tote bag d'Issey Miyake, éléments qui ne feraient pas défaut dans une demeure d'Adolf Loos (voir ci-dessous). Parfois il y a aussi des imprimés de pack de lait ou d'autres qui racontent la courte vie d'un thon de la pêche à la boite de conserve (The life of a tunafish, 2008). Un vocabulaire d'une rare drôlerie, mêlant force et sensibilité. Soit le parfait triptyque moteur d'un beau couple.


Design intérieur du populaire Lloyd Hotel à Amsterdam / Vegetables, 2009


Suspension Pink Light, Established & Sons, 2010 / Divine Glass, Autoproduction, 2008

Tasse et sa soucoupe. Série Paper Porcelain, 2010

2.11.10

THE BOX


Fat Tray, dessiné par Harri Koskinen pour Alessi


Dans la région du Piémont en Italie, la maison d'Alberto Alessi est tout sauf design. Sur un sol alternant béton ciré et parquet brut, de quelconques canapés blanc permettent ici et là de se lover. Dans les pièces, seuls quelques objets du catalogue de la maison d'édition sont distinguables comme le cendrier Spirale (1985) d'Achille Castiglioni. Des objets qui servent discrètement leur fonction. En exclusivité pour le site de vente en ligne Made in Design, l'entrepreneur est ainsi tout aussi discret, mettant avant tout en avant la fonction et le plaisir de l'usage. De la volonté d'un coffret qui pourrait être utilisé comme une boite, un plateau et une petite table basse est né Fat Tray, qui n'a de "gros" que le nom. Dans une large structure rectangulaire en bambou se glisse donc un service pour quatre personnes qui reprend simplement des pièces éditée par Alessi : assiettes blanches de Jasper Morrison et verres à eau d'Harri Koskinen, par ailleurs designer de ce coffret. Deux belles références maison qui, calées par des séparateurs disposés à l'intérieur ne devraient a priori subir aucune casse comme vient le souligner l'intéressé : Je crée toujours en imaginant que je suis moi même le destinataire. Maladroit Alberto?


Alberto Alessi, (c) Mads Mogensen, DK

A l'intérieur de maison d'Alberto, chaise blanche anonyme et suspension Glo Ball de Jasper Morrison (Vitra). (c) Mads Mogensen, DK

Dans le Fat Tray, assiette de Jasper Morrison et verre d'Harri Koskinen