25.8.09

SUR LE SABLE


Discrepancies with Villa Teirlinck, une oeuvre Leonor Antunes visible jusqu'en Octobre sur la plage du Zoute


L'avantage à Knokke-le-Zoute, la station balnéaire belge que l'on traite volontiers de Deauville ou Saint-Tropez du Nord (bien que contrairement à ceux-ci on y mange divinement bien), c'est de pouvoir entre deux baignades à la plage se régaler d'art contemporain. Sur quelques hectares, le Zoute concentre un nombre important de galeries. Certaines font office d'antennes estivales de leur homologue urbain (telle la galerie Mourmans qui exposait cette année des pièces inédites de Sottsass et Arad). D'autres y siègent à l'année. Comme à Bruxelles, le rapport que les belges ont à l'art contemporain est d'une étonnante décontraction (je reviendrais prochainement sur le sujet...).

Cette année, plus besoin de quitter la plage pour admirer des oeuvres! Comme à la manière d'Estuaire en France qui rassemblait des artistes contemporains au bord de la Loire, les belges ont terminé en beauté cette année leur triennale d'art contemporain au bord de la mer du Nord, sobrement intitulée Beaufort 03. De Daniel Buren à Jason Meadows, des artistes contemporains internationaux présentaient leur oeuvres en lien avec la mer du Nord in situ. Sur la digue du Zoute, entendez la plage la plus chic de la station, c'est l'oeuvre de Leonor Antunes qui m'a interpelé.

L'installation consistait en des petits baraques vides faisant écho aux cabines de plages. Le résultat demeurait presque invisible pour peu qu'on s'y attarde. D'une incroyable légèreté visuelle, elles s'effaçaient dans paysage. C'est tout juste si à certains moments très ensoleillés de la journée, elles n'étaient qu'un mirage, uniquement matérialisées par les ombres géométriques qu'elles généraient. Présence, disparition et réfléxion sur l'héritage : trois thèmes centraux dans l'oeuvre de cette artiste portugaise vivant à Berlin. Défendue en France par Air de Paris, l'artiste cite avec subtilité tant Carl André que Louise Bourgeois. Ici, ses monumentales boites blanches ne sont sans rappeler le land art de Donald Judd dans la province texane de Marfa. L'année dernière, elle s'était inspirée du travail d'Eileen Gray pour le Centre d'art contemporain d'Ivry-sur-Seine. Peu avant, pour la gallerie londonienne Dicksmith, elle avait dévoilée des oeuvres à la limite du design d'espace ou des luminaires. Là encore, des références étaient palpables, de Marc Held à Ingo Maurer pour son utilisation poétique de matériaux fragiles. Avec ses récits, Leonor Antunes construit sa propre histoire, passionnante. Des mirages mêlant délicatesse et brutalité, pour le plaisir des yeux. On l'attendra avec impatience à la FIAC cet automne.

Uncertainty and delight in the unknown - 2Nd Room Installation (2007, Dicksmith gallery) / Vue de l'exposition Originals is full of doubts au Cédrac (2008, Air de Paris)

Cabine de Discrepancies with Villa Teirlinck / Folded back againts the pillars, au Cédrac (2008)