5.5.11

NOUVELLE GARDE

Josué Rauscher

Des travaux des jeunes artistes, on entend très souvent dire qu'ils sont trop conceptuels, tordus, prétentieux et intimistes. Et alors? Au lieu de tergiverser quand à la futur situation du Palais de Tokyo en plateforme de promotion de l'art contemporain français et ses futurs directeurs, cracher sur les galeries de Belleville "réservées à un certain public" ou encore enterrer l'à-peine-rénovée Gaîté Lyrique, il faut inciter les français voir au delà de Paris intramuros. Montrouge, c'est à côté. 15min de Denfert-Rochereau. Depuis 1955, le Salon de Montrouge a fait de la marge une norme. Ernest Pignon-Ernest, Théo Mercier... ils sont tous passés par Montrouge.

Extraordinaire vitalité, pépites à tous les recoins, l'édition 2011 ne déroge pas à la règle d'or du Salon : une promotion pure et simple de la jeune garde. Dans les allées, les artistes, pas les galeristes. Le contact est direct, l'accès simple et sans fioriture. On remercie ici Matali Crasset, pour sa scénographie a minima souligné de bandes oranges fluorescentes. Remerciements encore pour le Ministère de la Culture et de la Communication, avec sa subvention de 20,000 euros. Enfin on ne serait trop pointer la qualité du commissariat artistique de Stéphane Corréard, fort d'un regard pointu et décalé. Ainsi l'invité d'honneur n'est pas un artiste mais un écrivain, Jean-Yves Jouannais. Une édition ouverte et curieuse, qui laisse place à l'inégalité, créant ainsi un beau mélange. Discipline star, la vidéo se faisait tantôt lynchienne (Mathilde Hess, Panthère, 2010) ou drôlatique (Bérengère Hénin, Yo MoMa, 2011). Des installations, il fallait retenir les très précis jeux de tensions architecturales d'Elise Vandewalle et Andrès Ramirez. Un jeu plutôt minimal que partage en apparence le belge Jean-Daniel Bourgeois - très ludique, et cocasse. Côté photographie enfin il y avait de quoi se mettre sous la dent. Des strates très esthétiques de Constance Nouvel, du super trash MDR d'Anne Horel (qui chante aussi), d'énigmatiques clichés de Viriya Chotpanyavisut et surtout Josué Rauscher et ses sculptures occasionnelles, des bricolages minimalistes, des sculptures occasionnelles qui tirent leur beauté de mobilier abandonnés ou matériaux brut de récupération. Gros coup de coeur aussi pour deux jeunes photographes issus de la sélection de l'Ecole Nationale Supérieure de la Photographie d'Arles : Pauline Hisbacq (ci-dessous) et Renaud Duval, dont j'aurais l'occasion de parler plus longtemps sur ce blog.

Extrait de Panthère, Mathilde Hess / Photo de Josué Rauscher

Siestes électroniques (2010), Pauline Hisbacq / Autopart #2 Atrophy #1 "It's like my last pair of shoes!" (2009), Jean-Daniel Bourgeois

Désoeuvrer le tableau (2010), Constance Nouvel

Satellite, Viriya Chotpanyavisut

H.O II (2010), Elise Vandewalle / This side of paradise (Rallyes dansants) (2008-2011), Pauline Hisbacq