23.7.10

ROC' A BARCELONE


Angle de la Roca Barcelona Gallery, la nuit


Quand on parle aménagement de salle de bains, généralement ça ne fait rêver. Pire encore quand on évoque les chiottes. Pourtant le japonais Toto et ses toilettes qui gardent propre l'anus sont là. L'allemand Duravit emboitant ce pas avec talent thanks to Philippe Starck, j'y reviendrais sur papier... Et puis il y a l'espagnol Roca, surtout. Premier producteur mondial dans le genre (39 millions d'unités par an!) qui développe lentement mais sûrement un réseau de showrooms dans le monde entier... pardon, des "galeries". Sobrement baptisée Roca Barcelona Gallery, celle de la capitale catalane est la première. Sur troisétages, elle présente les produits de la marque dans un univers ultra-moderne meublé par USM et Cassina, très high tech avec ses tables-écrans à la Minority Report et ses murs vidéos figurant les manies de différents types humains : le jeune qui rentre éméché d'une soirée se lave le visage, un couple parfait se brosse les dents etc... Conçu par l'architecte Carlos Ferrater, ce bâtiment monolithique offre une sublime façade de verre composée de 4000 ampoules LED qui s'illuminent la nuit, luiconférant un aspect aquatique des plus réussi. Dans le quartier de Chelsea à Londres, la Roca London Gallery imaginée par Zaha Hadid verra le jour à la fin de l'année... en attendant Paris! Pour l'heure, la marque se concentre sur la communication autour de son splendide espace barcelonais et le développement de ses nouvelles gammesdont "sa grande histoire d'amour" avec Armani, dixit Carlos Socia, directeur France de Roca. Le résultat? Armani/Roca, des baignoires, douches et co. Présenté à Milan cette année, la collection équipera les suites des hôtels du couturier via Manzoni et à Dubaï. Unevocation grand luxe dans la continuité des relations entretenues par la marque avec des architectes de renom tel David Chipperfield ou encore Herzog & de Meuron, pour des productions impeccables en terme de technologie du matériau.


Les tables-écrans de la galerie, entièrement tactiles, racontent l'histoire de la salle de bain en lien avec les produits de la marque


Détail de Kreto / Mitigeur Plane / Pommeau de douche rétractable, Shower Baisin

A 25 minutes de Barcelone à Sant Cugat, le Roca Innovation Lab a posé ses valises en 2010 dans des bâtiments flambants neufs, travaillant main dans la main avec sa partie Design Center, tout aussi impeccable. Soit de vastes bureaux baignant dansune ambiance sympa, studieuse et tirée à quatre épingle entre une agence d'architecture du 92, un spot de pub pour les gens cools qui se brossent les dents entre les pauses café-clope (des panneaux dans les ascenseurs suggèrent ce reflex hygiénique aux employés), Loft Story pour lacafétéria faussement pop (et green avec les algues des Bouroullec) et la vidéo de Scream par Janet et Michael Jackson pour les couloirs... claustro-spatiaux. Un environnement super sain qui met les employés dans le bain du travail, la notion d'innovation en tête. 125 personnes y travaillent. Ils dessinent, testent et certifient les projets qui porterons le logo Roca. Des futurs produits qui se doivent de "définir ce que doit être la salle de bain de nos jours" selon Josep Congost, directeur de l'Innovation Lab et du Design Center. Try to think out of the box... et ce sans négliger l'environnement, bien au contraire. Exemple avec W+W, révolutionnaire module de toilette et lavabo intégré qui recycle l'eau usagée. Un succès d'estime pour l'instant qui n'attend plus qu'une version low cost trois foismoins cher afin de séduire collectivités et étudiant eco-friendly. Plus luxe et conceptuel, on adore Kreto, un receveur de douche aux allures de sol craquelé, et Shower Baisin, un lavabo adossé d'une cabine de douche et de rangements - sans doute inspiré du Total Furnishing Unit de Joe Colombo crée en 1971... Dans le même esprit, la collection Barcelona n'es pas mal non plus avec ses toilettes qui ressemble à celles que l'on trouve dans les avions, lecôté pratique au masculin avec la possibilité de poser des livres dans un espace prévu sur le côté (et faire frémir par la même occasion votre femme qui s'impatientera...). Des idées fraîches comme celle-ci, Roca en a plein le panier. Un vaporisateur intégré au vasque, unrince-pied à la barre de douche, une douche-baignoire outdoor, un programme pour éviter les débordements de baignoire... sans oublier Droppy : LE gadget pour gosses qui fait applaudir les parents. C'est un petit animal haut comme une pomme qui explique aux enfants grâce à son petit écran comment se brosser les dents et ne pas prendre la salle de bain pour un centre aéré. Des innovations qui font whaou! tout comme WAW (We Are Water), la fondation d'art contemporain du groupe qui ouvrira ses portes le 28 septembre. Ultime outil de communication visant à conférer à la marque une image rock'n'green dans l'air du temps.

L'Innovation Lab de Roca est situé dans le building occupé par l'ESADE, l'école de commerce de Barcelone

Display de post-it idées dans les salles de l'Innovation Lab

21.7.10

M.A.Y.A. MIA !


Giovanni Alessi, le fondateur.


Most Advanced Yet Acceptable, tel fut la leçon donnée par Raymond Loewy à ses élèves. Un leitmotiv que c'est approprié la maison Alessi, qui approche désormais la centaine. En attendant de fêter ça, l'enseigne italienne culte s'expose à Munich sous la houlette de Florian Hufnagl, directeur du International Design Museum de la ville. Encore une fois, la maison étonne. Préférant la prospective à la rétrospective, elle déboule ses icônes et célébrités en devenir dans une scéno conçu en première partie par Starck. Soit toute la collection de pièce à la fois innovantes et bankable qui ont fait le succès d'Alessi, de Richard Sapper au regretté Achille Castiglioni en passant of course par Alessandro Mendini qui offre pour l'occasion une séance de relooking à son tire-bouchon star Anna G. en lui greffant or, émaux et diamants pour ses fêter comme il se doit son sweet sixteen.

Prototypes et croquis de la cafetière à expresso 9090 par Richard Sapper, qui fut couronnée du Compasso d'Oro en 1979 / Croquis pour La Conica et cafetière La Cupola v. 1980-83 de l'architecte Aldo Rossi.

Aux côtés des vétérans, les petits jeunes font monter la sauce dans la section "Nouvelles Instances" : des projets inédits qui seront très bientôt proposés dans le commerce. Des douze designers présentés, on retient surtout la série A Tempo de l'allemande Pauline Deltour qui offre une nouvelle simplicité à la traditionnelle corbeille (à agrumes, à papier) et à l'égouttoir à vaisselle par de jeux optiques aériens affinant les possibilités de mise en forme de l'acier, cette matière sur laquelle Alessi concentre sa production depuis le début des années trente. Un design qui s'inscrit nickel dans les cases de la philosophie de la maison : pointu ET accessible. Une dernière qualité qui demandera néanmoins à être vérifié avec la série des Miriorama (...vous vous souvenez?) : "visions infinies" entre l'art cinétique, l'inachevé, le multiple et l'art programmé. Dans ce genre, le Rotoplastick du peintre Gianni Colombo entraîne de nouvelles perceptions visuelles particulières. Alessi ne se pose pas ici la question de l'avant-garde, même pas rétrograde, mais avance vers le futur, son futur. Un univers classe, éclectique, rigoureux et toujours ludique, qui tend à selon son big boss Alberto Alessi à "amener le design à un certain type de qualité conceptuelle". Un art de vivre novateur qui se vend... Voilà qui devrait faire plaisir à Enzo Mari!

Multiple d'art en bois Rotoplastick, Gianni Colombo (Edition Limitée à 99 ex. + 9 preuves d'auteur) / Tire-bouchons Anna Etoile d'Alessandro Mendini (photo Roberto Gennari Feslikenjan). Ed. Officina Alessi

A Tempo, de Pauline Deltour : modèles APD01, APD02 et APD03 (photo Manfred Jarisch). Ed. AdiAlessi

7.7.10

WTF (2)

Ghost chair, Arkitecture (Galerie Emmanuel Perrotin, 2010) / Cow chair, Niels van Eijk (Droog Design, 1997) / Ghost of a chair, Valentina Glez Wohlers (Galerie Gosserez, 2009) / Foldchair, Olivier Grégoire (Specimen Editions, 2010)


Liliane n'est plus qu'un fantôme et l'été est déjà lancé. Quand on choisit son trône autant ne pas se tromper. Rien ne se perd et tout se recycle... même (et surtout) dans le design. La preuve par quatre suivant une histoire d'empruntes, dans les pas de la peau vache laissée par Niels van Eijk. Droog Design anyone?

Liliane is now nothing but a shadow of herself and summer's already here. It's better not to make a mistake when choosing your throne. Nothing is lost, all is recycled... even (and especially) in furniture design. This confirmed many a time by following in the footsteps, such as the reincarnation of Niels van Eijk's cow hide. Droog Design anyone?